Industrialisation du bois: La sous-région est «encore loin de l’objectif», Liban Solemane

LIBREVILLE, GABON (medias241.com)-Prenant part aux travaux de l’étude régionale sur l’industrialisation du bois dans les pays du Bassin du Congo, restituée le 13 septembre à Libreville par la Banque africaine de développement (BAD), Liban Solemane, le coordonnateur général du Bureau de coordination du Plan stratégique Gabon émergent (BCPSGE) juge que la sous-région est «encore loin de l’objectif» pour une «réelle intégration sur l’industrialisation du bois».

En effet, l’étude relève que, le secteur de l’exploitation forestière et de l’industrie du bois en Afrique centrale, bien qu’ayant connu quelques mutations au cours de ces dernières décennies, traine toujours pour ce qui est de la transformation du bois localement.

La visibilité

Avec un  potentiel forestier de 300 millions d’hectares de forêts, dont 170 millions d’hectares de forêts tropicales denses, 51 millions d’hectares de forêts productives, 18 millions d’hectares de conservation et 100 millions d’hectares attribués, pour Liban Solemane, « vision stratégique pour l’industrialisation de la filière bois dans le bassin du Congo d’ici à 2030 » tarde du fait que, le taux de commerce intra-sous-régional et la conformité des textes tardent également.

Il estime que «l’industrialisation du bois doit être à la fois horizontale, parce qu’il y a un grand nombre d’espèces qui ne sont pas exploitées et que la forêt est de plus en plus riche. Et qu’il faut une stratégie réelle à l’international, de vente et de démonstration industrielle de 2e et 3e transformation  et également verticale parce qu’il faut monter dans la chaine de valeur de manière compétitive. Et, pour cela, il faut réellement avoir un processus d’intégration dans des zones de clusters à l’exemple de ce que nous avons dans le Zerp de Nkok où, le déchet d’une production devient la matière première d’une autre unité de production. Enfin, il faut accompagner toute cette politique par des plateformes de compétitivité », dit-il.

Pour lui, l’étude régionale sur l’industrialisation du bois dans les pays du Bassin du Congo est essentielle, parce que les différents pays de la sous-région ont « une communauté de destin ».  Et qu’il y a réellement un programme d’intégration économique qui est d’une importance capitale pour le positionnement global des forets du bassin du Congo et des produits de cette zone à l’international parce que, le même bois qu’il y a ici au Gabon on le retrouve dans les autres pays de la communauté.

« L’idée fondamentale qui nait d’ici, c’est que le Congo et le Cameroun vont prendre la mesure d’interdiction de grumes. A partir de là, nous aurons maintenant un marché du bois interrégional. C’est-à-dire, une unité de transformation au nord du Gabon pourra plus facilement se ravitailler de manière plus compétitive d’une concession forestière au sud du Cameroun ou de la guinée équatoriale. Donc, les reformes doivent maintenant aller au niveau régional pour réellement créer ce marché de valeurs. Et, avoir ce marché des grumes aux niveaux nationaux pour ravitailler les usines », déclare-t-il.

La filière réunit de nombreux professionnels qui cultivent, coupent, transforment, commercialisent et recyclent le bois. Les métiers sont variés et offrent un large choix de débouchés dans l’agriculture, la gestion forestière, l’industrie, l’ameublement ou la construction. Tour d’horizon des métiers et des entreprises du secteur.

D’un bout à l’autre de la chaîne, pour le coordonnateur du BCPSGE, il faut « séparer » les métiers : valoriser le métier d’exploitant forestier pour optimiser la matière première et  produire des grumes de manière durable et augmenter les capacités de production en se spécialisant sur l’exploitation et avoir des industriels spécialisés dans l’industrialisation.

Aussi, les dernières réformes nécessaires au niveau régional et qui doivent être adoptées aux niveaux nationaux : c’est de créer un marché pour les produits transformés dans la sous-région.

« Nous devons arrimer nos codes des marchés publics pour qu’ils prévoient que, dans tous programmes de construction, programme d’équipement immobilier des toutes les administrations publiques et privées, on utilise du bois de notre sous-région. Une fois tout ceci décidé, il nous faudra augmenter les barrières à l’entrée, de manière générale dans la sous-région  vis-à-vis des produits transformés qui sont en compétition avec nos productions nationales », pense Liban Solemane.

Bien que le Gabon est précurseur pour interdire l’exportation de grumes, mesure prise en 2010 pour favoriser l’industrialisation des produits sur place, pour lui, la tendance aujourd’hui doit reposer sur la disponibilité de la matière, la flexibilité et réactivité, l’approvisionnement en temps réel, le gain de temps. Et, ce n’est qu’à partir de ce moment que la zone atteindra les seuils de compétitivité et de créations d’emplois recherchés.

Redéfinir le secteur informel

Considéré comme une fatalité pour les économies des pays africains, car difficile à définir et à quantifier, le système informel occupe encore une place centrale dans les sociétés centrafricaines. Pour Solemane, c’est l’attractivité du marché formel qui permettra de surmonter la problématique de l’informel.

« Le jour où nous aurons réellement le just in time delevery et une chaine logistique très précise, qui sera sous-régionalement optimisé avec des corridors des matières premières et la proximité entre l’usine, la matière première et le point d’exportation une fois transformé, ce sera à ce moment là où les gens n’iront plus vers l’informel », précise-t-il.

S’il minimise l’impact des activités informelles comme les coupes villageoises ou la petite transformation pour le charbon, il note néanmoins que, « la filière bois est d’une importance capitale pour la sous-région ».

« Si nous ne montons pas dans la chaine de valeur du bois tropical où nous contrôlons la ressource, nous perdons une opportunité énorme vis-à-vis de la création des emplois, de la création des richesses et l’équilibrage de nos balances de paiement. Là nous avons un avantage compétitif durable sous-régional. Et, puisque nous sommes une communauté de destins, avec une monnaie commune, un savoir-faire commun et un marché commun, il faut que nous ayons réellement cette intégration», conclut-il.

L’étude régionale sur l’industrialisation du bois dans les pays du Bassin du Congo propose une vision stratégique pour l’industrialisation de la filière bois dans le bassin du Congo d’ici à 2030, avec la nécessité d’augmenter les superficies de concessions d’environ 50 millions d’hectares aujourd’hui à 75 millions d’hectares, augmenter les loyers des concessions forestières d’une production d’environ 7 millions de m3 à 15 millions de m3 d’ici 2030, en augmentant le taux de transformation primaire de 66% à 100% en 2030, en augmentant de 50% la deuxième et troisième transformation des produits primaires à moyen terme et en développant le commerce intra-Africain des produits ligneux.

Elle propose dix priorités stratégiques et un cadre opérationnel pour la mise en œuvre de la vision à l’horizon 2030 sur l’industrialisation de l’industrie du bois. Ces priorités comprennent des questions techniques liées à la structuration industrielle des chaînes de valeur et à la transformation vers les différents marchés, ainsi qu’une composante de soutien associée à l’environnement économique, à savoir les normes de gestion et les aspects institutionnels, les dimensions juridiques, fiscales, logistiques, énergétiques et financières. Outre le bois, le rapport attire l’attention sur le rôle des forêts dans le changement climatique, car la déforestation représente près de 90% des émissions mondiales de CO2 liées aux changements d’affectation des terres. A ce titre, les pays de la région considèrent de plus en plus le bois des forêts dans leurs débats de politiques sur l’atténuation / adaptation au changement climatique, la croissance verte et l’emploi.

 

 

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