Hausse des prix du carburant« il n’y a pas assez de cuves de stockage dans tout le Gabon. »

Interpellé à l’assemblée nationale au cours des questions orales au gouvernement, mercredi 26 juin 2019, le ministre en charge de l’Economie et des finances, Roger Owono Mba, a déclaré que les prix du carburant à la pompe explosent au Gabon à cause notamment de la hausse des cours mondiaux du pétrole brut, des coûts de stockage et de la redevance d’usure de la route.

Landry Ndong Nguéma, le député du 2ème siège du département de l’Ogooué et des lacs qui a interpellé le ministre Roger Owono Mba, a regretté l’explosion des prix du carburant au Gabon. « Nous constatons que depuis février 2018 à juin 2019, les prix du carburant à la pompe ont connu une hausse considérable. Nous constatons que le coût du litre d’essence est à 695 FCFA ».

Parmi les pays africains producteurs de pétrole, les carburants à la pompe sont plus chers au Gabon, a-t-il noté. Au Nigeria, c’est 439 francs le litre d’essence. En Angola, c’est 284 francs CFA le litre d’essence.

En comparaison avec les pays non producteurs de pétrole, les prix au Gabon sont toujours plus élevés. Au Benin par exemple, le litre d’essence coûte 471 FCFA, au Togo 565 FCFA.

L’alerte rouge a été atteinte. « Le 1er juin 2019, on a subi une nouvelle hausse du carburant. Cette énième hausse a eu pour conséquence d’accentuer la cherté de la vie et la baisse du pouvoir de l’achat », a averti le député.

Le député a alors soulevé trois interrogations. « Pourquoi le litre d’essence dans notre pays est plus cher que dans des pays qui n’en produisent pas ? Quels sont les différents facteurs liés à cette hausse ? Pensez-vous que les Gabonais puissent espérer une baisse d’ici la fin de l’année 2019 ? »

Pour Roger Owono Mba, l’explosion des prix du carburant s’explique principalement par la fin de la subvention de l’Etat à l’essence et au gasoil, qui coutaient des milliards de FCFA à l’Etat chaque mois. « Pendant de longues années le carburant a été subventionné par l’Etat gabonais. Les prix étaient bloqués malgré les fluctuations des cours mondiaux. Mais cela coûtait cher ».

L’Etat a financé les carburants à perte. « Entre 2012 et 2015, cela a coûté à l’Etat plus de 700 milliards de FCFA. Une somme qui aurait pu être utile pour d’autres secteurs du pays », a démontré le ministre de l’Economie.

Face à cette situation, l’Etat a arrêté de subventionner l’essence et le gasoil. Et il a choisi d’indexer les prix sur les cours mondiaux des hydrocarbures. « Si les cours du pétrole brut augmentent, le prix du carburant à la pompe au Gabon augmente, mais si le pétrole brut baisse, le prix du carburant à la pompe au Gabon baisse ».

La fin de cette la subvention a donc été une bouffée d’oxygène pour les finances publiques. Seuls le gaz butane et le pétrole lampant continuent d’être subventionnés par l’Etat. « Et cela ne coûte désormais que 2 milliards de FCFA par an », c’est-à-dire, rien à voir avec les pertes faramineuses d’autrefois.

Pour le ministre de l’Economie, il n’y a pas un lien direct entre le prix du carburant et le fait qu’on soit producteur de pétrole ou pas. Cela dépend beaucoup de la fiscalité, et des frais d’entreposage notamment.

Par exemple, les autorités gabonaises ont fait le choix de financer l’entretien des routes avec les recettes tirées de la vente à la pompe de l’essence et du gasoil. « Au Gabon, nous avons mis la redevance d’usure de la route dans le prix du carburant. Une redevance qui sert à financer le Fonds d’entretien routier. C’est un choix qui est fait par les autorités ».

« Parfois il est préférable de ne pas avoir une raffinerie et d’importer le carburant. L’exploitation d’une raffinerie peut coûter plus cher à un pays producteur de pétrole», a révélé le ministre pour démontrer une fois de plus à Landry Ndong Nguéma, qu’il n’y a pas un lien direct entre le prix du carburant et le fait qu’on soit producteur de pétrole ou pas.

Ce qu’il faut comprendre aussi, a expliqué le ministre, c’est que « dans le prix du carburant au Gabon, il y a aussi le prix du stockage. Il y a un montant qui correspond à la SGEPP (Société gabonaise d’entreposage de produits pétroliers), où on entrepose le carburant ».

Les frais de stockage et d’entreposage, ne sont pas gratuits. Elevés au Gabon, ils font eux-aussi croître les prix des carburants.

« De plus il n’y a pas assez de cuves de stockage dans tout le Gabon. Cela a aussi une incidence sur les prix de l’essence et du gasoil », selon le ministre.

« Il y a des mesures qui sont en train d’être prises pour que nous ayons plus d’espace à stocker le carburant. Ce qui pourrait faire réduire les coûts de stockage », a promis Roger Owono Mba.

Pour ce qui est savoir si on peut envisager la baisse du prix de l’essence et du gasoil à la pompe d’ici la fin de l’année 2019, le ministre a insisté que les prix sont indexés aux cours mondiaux du brut.

«Mais Monsieur le ministre, je reste sur ma faim. Toutefois, certaines sources affirment que depuis plusieurs mois le baril du pétrole n’a subi aucune augmentation au niveau international. Comment comprendre ces augmentations assez récurrentes des prix du carburant à la pompe dans notre pays si nous nous en tenons à vos explications ? Est-ce que pour plaire aux bailleurs de fonds, au FMI, le gouvernement doit sacrifier la paix et la cohésion sociale ? », s’est interrogé le député, avant de demander à l’Etat gabonais de revenir à la subvention. « Monsieur le ministre, revenons à la subvention de l’Etat des produits pétroliers ».
Pamphil EBO

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