HOMOSEXUALITÉ : LES ÉVÊQUES DU GABON RENIENT-T-ILS LE PAPE FRANÇOIS ?

Dans une déclaration publiée le 25 juin 2020, Monseigneur Jean-Patrick Iba-ba, archevêque de Libreville, a tenu a réagir sur la dépénalisation de l’homosexualité dont le texte a été adopté à l’assemblée nationale le 24 juin 2020.

En qualifiant l’homosexualité « d’abomination contre nature, portant atteinte au fondement de la société » l’archevêque de Libreville s’est inscrit en faux par rapport au Pape François qui déclarait en 2013 au sujet de l’homosexualité « Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? » 
Alors que l’Église catholique du Gabon avait habitué les populations au silence devant plusieurs délits, à l’exemple de la pédophilie, des viols sur mineur, des violences faites aux femmes, cette sortie est pour le moins inattendu.
La séparation entre l’église et l’Etat consacrée depuis 1960 aurait dû guider les évêques du Gabon dans cette démarche qui pour le coup semble avoir effectué sous le coup de l’émotion. Il est, en effet, rare de voir des hommes de Dieu porter ainsi un discours haineux envers des «brebis égarées. » Un discours à rebours du message des  livres saints.

Peut-on être homosexuel et catholique ?

« Bien sûr ! » répond le Père Jean-Marc Micas, Supérieur du Séminaire Saint-Cyprien à Toulouse et Secrétaire du Conseil National des Grands Séminaires. Pour ce dernier, « chaque personne est sur un itinéraire de vie qui tend vers la perfection de Dieu. Les saints ne sont pas nécessairement ceux qui, dès le début de leur existence, sont cohérents dans tous les aspects de leur vie avec la perfection que Dieu révèle, et propose à chacun de vouloir pour lui-même et les autres. » 

Un discours humble dont semble s’être dispensé les évêques du Gabon. Non-content de fouler au pied les principes de la république, remettent en cause bon nombre de préceptes d’amour du prochain prôné dans la bible,  mais aussi l’article 5 de la charte africaine des droits de l’homme « Tout individu a droit au respect de la dignité inhérente à la personne humaine et à la reconnaissance de sa personnalité juridique. Toutes formes d’exploitation et d’avilissement de l’homme notamment l’esclavage, la traite des personnes, la torture physique ou morale, et les peines ou les traitements cruels inhumains ou dégradants sont interdites. » 

Afin d’apaiser son discours, le chef de l’Église catholique gabonaise a déclaré « il ne s’agit pas de diaboliser qui que ce soit » pour plusieurs observateurs le mal est fait. Pour l’Église catholique du Gabon, les homosexuelles sont des malades, il faut donc lutter contre eux, afin de «protéger nos valeurs millénaires de nos civilisations » 

Pour rappel une des valeurs millénaires de l’Eglise catholique fut d’être une partie prenante de premier dans la traitre négrière « en co-produisant une idéologie de légitimation de la traite et de l’esclavage des Africains et de leurs descendants ; en s’impliquant directement dans le partage des prédations négrières ; enfin en étant bénéficiaire économique et confessionnel de la traite négrière. » Des valeurs qui ont dénié à une partie de l’humanité sa dignité, un discours qui semble ne pas avoir évolué avec le temps et la société.

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