Vacance du pouvoir : Une opposition en mal de stratégie

Malgré plusieurs sorties au sujet des incidences juridiques et politiques de l’état de santé du président Ali Bongo Ondimba, en convalescence au Maroc depuis plusieurs mois, l’opposition gabonaise peine à imposer le débat sur la “vacance du pouvoir”.

« Je vous le répète, quand toutes les voies de la négociation et de la diplomatie sont bloquées,  quand la concertation a échoué, il ne reste plus que la confrontation (…) nous y sommes. Je ne vous retiens plus. La voie est libre. Allez-y carrément, n’hésitez plus », déclarait l’opposant Jean Ping lors d’un discours à la nation le 15 décembre 2018 dont l’objectif était de soulever le peuple contre Ali Bongo Ondimba affaibli et en convalescence au Maroc, après un accident vasculaire cérébrale le 24 octobre à Ryad en Arabie Saoudite. Par cette sortie, le leader de l’opposition lors de la présidentielle de 2016 venait de montrer la faillite de sa stratégie politique.

Après Jean Ping, dont l’appel à l’insurrection n’a pas donné les résultats escomptés, les leaders politiques gabonais se sont succédé, chaque jour un peu plus, pour tenter, mais jusque-là, en vain d’imposer la vacance du pouvoir dans l’agenda politique actuel.

De Richard Moulomba, président de l’ARENA,  l’Alliance pour la Renaissance Nationale, qui appelait début novembre 2018 à une transition plus longue, avec un président autre que celui du sénat, à l’ancien Premier ministre, Jean Eyeghe Ndong médusé et en manque de solution, face à la diaspora gabonaise en France, fin février, l’opposition radicale est à la peine, car non suivie par les populations. Même Zacharie Myboto président de l’Union nationale, n’a pas fait plus que de compter sur  « les autorités compétentes » pour déclarer la vacance de la présidence de la République, lors d’une conférence de presse le 23 février. 

Il aura fallu la sortie le 28 février d’un collectif de 10 figures de l’opposition et da la société civile, dont Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, Franck Ndjimbi, Anges Kévin Nzigou, Elza Ritchuelle Boukandou, Marc Ona Essangui, Noël-Bertrand Boundzanga pour que les choses bougent dans tous les sens, même s’ils peinent à mobiliser. S’en est d’abord suivi une levée de boucliers des principaux soutiens de Jean Ping, avant que ce dernier « adhère » à « l’Appel à agir », qui a fait réagir le gouvernement.

Face à cet attelage marqué par «des volte-face» et des «conflits d’ego» sinon de leadership, reste Guy Nzouba-Ndama, le président des démocrates, le leader de l’opposition parlementaire, qui aux dernières nouvelles est entrain de créer sa propre coalition, sans dévoiler ses cartes. Pourtant, un certains nombre d’observateurs pensent que l’histoire devrait s’accélérer dans le sens de l’ouverture d’un nouveau dialogue, favorisé par des négociations avec la vielle garde du Parti Démocratique gabonais au pouvoir.

Marianne IWANY

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